L’artisanat kabyle, un patrimoine ancestral

Poterie kabyle
Poteries kabyles

L’artisanat traditionnel kabyle est ancestral. Aujourd’hui menacé suite au déclin de la société traditionnelle dont il était l’expression, il a longtemps été non seulement une source importante de revenu mais aussi le moyen d’expression d’un « peuple artiste ». Riche et varié, esthétique, nécessaires à la vie quotidienne, l’artisanat est conçu dans un but utilitaire ou esthétique et la croyance locale confère à nombre de produits des vertus protectrices. De la poterie au tissage en passant par la confection de bijoux, l’art kabyle de l’artisanat, riche des influences de l’Afrique, la Méditerranée et de l’Orient, constitue un remarquable patrimoine.

L’artisanat kabyle a historiquement joué un grand rôle économique et social, en s’inscrivant dans un système d’échange où chaque région ou société de Kabylie était spécialisée dans la production artisanal de tapis, poterie, bijoux, habits traditionnels… Dans un pays montagneux n’offrant que des possibilités limitées à l’agriculture, l’artisanat fut souvent pour les populations un complément de ressources indispensable. A chaque tribu ses artisans spécialisés : menuisiers, forgerons, orfèvres, potiers, tisserands, teinturiers… Certains de ces artisans avaient un niveau de vie relativement aisé et de gros villages manufacturiers pouvaient se développer en petites villes.

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Traditionnellement, les jours de marché au sein des villages permettaient aux artisans d’exposer et d’écouler leurs créations. Ils ont aujourd’hui fait place aux foires dans lesquelles on retrouve le principe de spécialisation : « fête du bijou » (Ath Yeni), « fête de la poterie » (Maatkas), « festival du tapis » (Ath Hicham). De plus, afin de dégager des bénéfices suffisants, les artisans ont dû écouler leurs produits au-delà de la Kabylie. C’est ainsi que certains kabyles, les colporteurs, se sont spécialisés dans le commerce, souvent itinérant, à travers toute l’Algérie jusqu’en Tunisie.

Plus qu’une simple activité économique, l’artisanat est un mode d’expression de la culture traditionnelle. Les différents signes et symboles qui ornent ses différentes formes se retrouve aussi dans les tatouages ou encore les décorations murales des maisons. Certains chercheurs pour désigner ces signes parlent d’une « écriture spécifiquement féminine », ésotérique, qui pourrait être une survivance d’une écriture originelle source des écritures alphabétiques méditerranéennes.

Cependant, la sauvegarde de cet art traditionnel n’est pas assuré et son avenir compromis. La transmission du savoir-faire d’une génération à l’autre n’est plus si évidente. Une partie de l’artisanat de la région n’a qu’un but non lucratif, et ne perdure que parce qu’il est une nécessité dans la vie quotidienne villageoise.

Or aujourd’hui, les transformations des structures villageoises en Kabylie et l’abandon par la société rurale de ses structures anciennes et de ses repères culturels provoquent de profonds bouleversements. Ces mutations se répercutent sur le mode de vie, de production et de consommation des familles et des groupes communautaires en montagne. Ainsi l’artisanat est abandonné peu à peu car les transformations sociales l’ont rendu obsolète et qu’il n’est pas perçu comme un outil de développement viable, en raison des difficultés croissantes d’en vivre.

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