Début de l’octroi des prêts d’honneur

Afin de valoriser les savoir-faire ancestraux de Kabylie, le projet CODESOL vise à développer à un niveau local des opportunités de créations d’activités artisanales génératrices de revenus. Ces micro-activités sont financées par des prêts d’honneur, permettant à l’artisan-e inscrit dans le projet de se procurer le matériel, les équipements et les matières premières nécessaires au lancement de son activité. Par la suite, le remboursement de ces prêts permettra la constitution d’un Fonds Solidaire, qui servira à son tour au financement d’autres projets d’artisanat.

 

 

Le Comité des prêts du projet CODESOL s’est réuni à Boghni le 20 décembre 2016. Durant cette réunion, le comité, composé d’acteurs locaux compétents dans le domaine du micro-entreprenariat et/ou de l’art traditionnel, avait pour mission d’étudier les dossiers de candidatures aux prêts d’honneur. 16 dossiers de candidature ont ainsi été examinés par les 11 membres du CdP, chacun représentant différents organismes. Une fois les 16 dossiers de candidature aux prêts d’honneur étudiés, les membres du CdP ont reçu chacun des candidate-s lors d’entretiens individuels en vue de sélectionner les bénéficiaires.

Au total, sur les 16 dossiers présentés, 14 artisan-e-s ont été financés, répartis entre 13 artisanes et 1 artisan exerçant des activités de couture-broderie (7 artisanes), de tissage (5 artisanes), de poterie (une artisane) et de bijouterie (un artisan).

Suite à la sélection, les prêts ont commencé à être progressivement octroyés à partir du premier trimestre 2017. Ces financements ont permis aux bénéficiaires d’acquérir équipements et matériels ainsi que les matières premières indispensables à l’exercice de leurs activités artisanes respectives, à l’instar de métiers à tisser, de machines à coudre ou encore de laine, d’argent, etc. L’octroi des prêts est à ce jour encore en cours, à l’image de la récente livraison d’un four à poterie à une artisane du village de Bounouh, qui travaille avec sa sœur. Toutes deux spécialisées dans la conception de poteries kabyles, ces deux artisanes pourront ainsi lancer leur production, témoignage d’un savoir-faire ancestral aujourd’hui menacé.

 

 

Depuis le lancement du projet, l’ADELS, notre partenaire local, accompagne régulièrement les artisan-e-s dans le processus de création de leur microentreprise, dans l’élaboration de leur business plan pour formaliser leur projet, dans la constitution de leur dossier de candidature aux prêts d’honneur, dans la recherche de fournisseurs ainsi que dans la demande de devis pour les petits équipements, matériels et/ou matières premières à acquérir.

Cet accompagnement s’est déroulé sur une longue période, afin de s’assurer de l’appropriation de la démarche entrepreneuriale par les artisan-e-s, de la solidité de leur projet et du renforcement de leurs capacités. Une étape supplémentaire a donc été franchie avec l’octroi des prêts d’honneur, permettant aux bénéficiaires de lancer leurs activités.

Séminaire Tourisme & Patrimoine – 10 octobre 2016

Ce séminaire, organisé par Touiza Solidarité et l’ADELS dans les locaux de l’Assemblée Populaire de la Wilaya de Tizi-Ouzou, avait pour but d’amener les acteurs locaux des secteurs touristiques et artisanaux du territoire à réfléchir ensemble sur les manières d’encourager l’action concertée, et notamment les échanges et le partage d’expériences entre acteurs algériens et français.

Une centaine de personnes, notamment des représentant-e-s de collectivités locales, directions régionales, chambres consulaires, associations locales, artisan-e-s, universitaires et journalistes, étaient présentes à cette journée de réflexion et de débats.

Le programme prévoyait dans un premier temps une table-ronde visant à échanger sur les opportunités et contraintes relatives au développement de liens entre le tourisme et le patrimoine dans la Wilaya de Tizi-Ouzou et dans la zone de Boghni, ainsi que sur la question de la promotion du patrimoine/artisanat traditionnel.

Ainsi, quatre intervenants, un professeur de l’Université de Tizi-Ouzou, un consultant français spécialisé sur le tourisme solidaire, une représentante de la Direction du Tourisme et de l’Artisanat et un représentant de la Chambre de l’Artisanat et des Métiers de Tizi-Ouzou, sont intervenus sur les thèmes suivants :

  • Quelle est la situation du tourisme en général et du tourisme solidaire en particulier dans la Wilaya de Tizi-Ouzou ?
  • En quoi le tourisme solidaire peut-il être profitable pour le territoire et les populations ? Quels sont les freins et opportunités de développement du tourisme solidaire ?
  • Qu’est-ce que le patrimoine artisanal de la Wilaya de Tizi-Ouzou ? A quelles problématiques est-il confronté ?
  • Quels sont les freins et opportunités de préservation, valorisation et promotion de l’artisanat traditionnel ?

Ces interventions, explorant donc le patrimoine de TiziOuzou et de la région, l’artisanat kabyle, les opportunités de développement du tourisme solidaire, ainsi que les bienfaits de ce dernier pour les habitants du territoire, ont donné lieu à des discussions et des débats.

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Les échanges étaient entrecoupés par un défilé de vêtements traditionnels, revisités pour répondre à une demande plus actuelle, entre tradition artisanal et esthétique contemporaine, afin de mettre en avant l’importance de combiner le traditionnel et le moderne et les possibilités de ce croisement. Tout au long de la journée, les artisan-e-s du projet ont pu exposer leurs premières créations tout au long de cette journée.

Après ces interventions et l’exposition des produits traditionnels, la deuxième partie de la journée était organisée en trois ateliers thématiques. Chaque atelier était constitué en groupe de travail et visait à proposer des recommandations. Le premier atelier était chargé de penser l’encouragement des initiatives concrètes pour le développement du tourisme solidaire, le deuxième de réfléchir la promotion et la commercialisation de l’artisanat traditionnel, et le troisième de travailler au renforcement des liens entre les secteurs du tourisme et de l’artisanat.

Cette journée a été l’opportunité pour les artisanes de promouvoir leur travail auprès des participants au séminaire, tout comme elle a été l’occasion pour les trois personnes-ressources ayant réalisé des formations auprès des artisanes CODESOL (Malika FECIH, Hassina IBRAHIM et Sadia TABTI) de participer aux échanges thématique et aux ateliers de réflexion.

 

Formation Couture pour les artisanes du projet CODESOL

Du 23 au 25 octobre 2016, les artisanes du projet CODESOL ont pu suivre une formation technique en coupe-couture. Pour assurer cette formation, Touiza Solidarité Ile-de-France a mobilisé Mme Hassina IBRAHIM, une styliste auto-entrepreneuse originaire de Kabylie qui a créé sa propre marque, « Berbère Création », en région Ile-de-France.

Le programme de cette formation était axé sur les techniques de coupe, sur le choix des tissus, le design ainsi que l’actualisation des modèles de vêtements, permettant aux artisanes de perfectionner leur savoir-faire artisanal tout en l’adaptant aux exigences de la demande actuelle.

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Ainsi, cette mission a permis un partage de savoirs et de compétences avec les artisanes mais aussi avec des formatrices locales, qui auront désormais la possibilité d’intégrer de nouvelles notions dans les formations qu’elles dispensent.

La venue de Mme IBRAHIM confirme la pertinence de mobiliser des intervenantes de la diaspora algérienne pour dispenser ces formations. En effet, la maîtrise de la langue constitue un premier atout considérable. La présence de femmes actives et mobiles, mais originaires de la région, permet également de libérer la parole sur les freins réels auxquels peuvent être confrontées les femmes algériennes en zone rurales. De la même manière, la connaissance des codes culturels facilite forcément les échanges, puisque les artisanes ont l’impression de pouvoir être comprises.

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Nous remercions donc Mme IBRAHIM pour son investissement et pour sa pédagogie très appréciée par les artisan-e-s CODESOL !

 

Ateliers « Get Ahead » – Micro-entreprenariat – Mai-Octobre 2016

En complément des formations en Création de micro-entreprises assurées par la Chambre de l’Artisanat et des Métiers de Tizi-Ouzou, les artisan-e-s du projet CODESOL ont pu suivre plusieurs formations à l’entreprenariat : les ateliers « Get Ahead ». La conduite de ses ateliers a été assurée par Mme Wahiba CHELLAL, chargée de projets de l’ADELS, qui avait suivi elle-même une formation de formateur-trice-s proposée par le Bureau International du Travail, lui permettant de former et accompagner des entrepreneur-se-s dans le cadre du programme « Get Ahead ».

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Destinés à former des femmes entrepreneuses, ces ateliers sont conçus pour aborder la question de l’entreprenariat avec un public féminin, y compris avec un niveau scolaire peu élevé. Ils se sont tenus dans le cadre du projet CODESOL lors de trois sessions de quelques jours chacune. La première, suivie par 20 artisanes, s’est déroulée du 31 mai au 4 juin, la deuxième, bénéficiant à 11 artisanes, du 24 au 27 septembre, et la troisième, à laquelle 18 femmes ont participé, s’est tenue du 5 au 7 octobre.

 

Ces ateliers ont été pensés pour contribuer au développement de l’esprit entrepreneurial chez les femmes souhaitant s’engager dans la création de leur micro-activité, en mettant l’accent sur le renforcement des capacités de prise de décision, de confiance en soi. Le tout en accordant une attention particulière à une consolidation des compétences de gestion, cruciales pour assurer la pérennité d’une micro-activité. Les artisanes CODESOL ont suivi ces ateliers avec assiduité et ont apprécié l’interactivité de cette formation, basée sur un apprentissage ludique, des mises en situation et des activités dynamiques pour comprendre les différents aspects de l’entreprenariat.

Deuxième mission d’appui aux artisanes de Boghni

 Mme Sadia Tabti qui réside en région parisienne, a accepté de réaliser une mission d’une dizaine de jours au mois de juillet en tant que bénévole auprès des artisanes de Boghni.  Formée à la céramique qu’elle a pratiquée pendant quelques années, elle a une connaissance fine de l’artisanat traditionnel amazigh qu’elle affectionne particulièrement ainsi qu’une grande expérience en tant que formatrice. Il s’agissait pour elle de mieux saisir les problématiques auxquelles ces artisanes sont confrontées et de leur ouvrir d’autres perspectives pour développer voire renouveler leur pratique artisanale.

En passant ces quelques jours aux côtés des artisanes du projet, Mme Tabti a pu non seulement partager ses connaissances et son expérience mais aussi prendre le temps de les écouter, de comprendre leurs difficultés et surtout, les encourager à persévérer. Un beau moment d’amitié et de solidarité entre femmes des deux rives.

Cette mission organisée conjointement par l’ADELS et Touiza Solidarité Ile de France, n’aurait pu se réaliser sans l’aide de Mme Wahiba Chellal, chargée de projet CODESOL au sein de l’ADELS. Toujours attentive et prévenante, elle a accompagné Mme Tabti dans les différents villages de la région de Boghni à la rencontre des artisanes et a considérablement facilité leurs échanges.

« J’aime l’art et plus particulièrement l’art amazigh […] je suis ravie de participer à l’élaboration de la sauvegarde de toutes ces artisanes »

Mme Sadia Tabti

Photo de groupe

Modernité et identité culturelle.

Comment garder notre identité culturelle tout en l’alliant à la modernité ? C’est le défi que se sont lancées Mme Tabti et les artisanes !

L’art amazigh est un patrimoine riche et retranscrit la finesse et l’émotivité de chacun ce qui rend chaque pièce unique. Au-delà d’un simple objet utilitaire ou de décoration, chaque création est une œuvre millénaire à perpétuer.

Après un tour de table de présentation et surtout l’identification du savoir-faire et la sensibilité de chacune, des binômes ont été formés. Chaque groupe, devait réfléchir à une création unique qui soit contemporaine et traditionnelle à la foi, décoratif et utile et surtout répondant à la demande actuelle.

Pour cela, il faut penser à la position de chaque motif, associer les couleurs harmonieusement, retravailler la forme …

L’objectif est de pouvoir vivre de l’artisanat. Il est donc nécessaire de s’adapter à la tendance actuelle et proposer des produits plus faciles à vendre et diversifiés et par conséquent développer un état d’esprit d’entrepreneuse.  Une réelle dynamique d’échange s’est très vite mise en place.

Pouvoir vivre de sa passion, créer avec plaisir mais penser utile, préserver son savoir-faire tout en s’adaptant à la tendance ; telles sont les nouvelles lignes de réflexion partagées lors de cette mission.

Ainsi, 30 artisanes (9 tisseuses, 12 brodeuses et artisanes en vannerie et 9 potières) ont été accompagnées. Des traditionnels tapis Kabyles, les artisanes se sont essayées à la confection de sacs, pochettes, coussins, tabourets, ceintures de laine, décorations murales …

Exemples de créations proposées par Madame Sadia
Exemples de créations proposées par Mme Tabti

Pour certaines, habituées à travailler avec des tons sombres et des créations maîtrisées qu’elles ont toujours fait, s’en détacher a été plus compliqué. Néanmoins, une fois ce stade passé et la créativité retrouvée, de très belles réalisations ont vu le jour !

Réactivité et apport

Cette intervention s’est avérée d’autant plus utiles pour les potières. En effet, les compétences du groupe étaient très hétérogènes. Afin de pallier à ce déséquilibre, chaque binôme réunissait une néophyte et une potière expérimentée. Cela permet de sauvegarder ce savoir-faire en mutualisant les compétences et connaissances pour ainsi assurer la transmission.

L’équipe sur le terrain a fait preuve d’une grande réactivité suite à ce constat. Une visite d’une entreprise de poteries à Boghni a été organisée par Mme Chellal pour que les potières puissent avoir un aperçu du métier, les outils et les techniques de séchages. Par ailleurs, Mme Tabti a fait appel à Mme Chabah Ouzemaouche, mère potière, avec qui elle avait déjà collaborée auparavant. Mme Ouzemaouche est intéressée pour animer une formation à destination de ces artisanes.

Une intervention appréciée

L’intervention de Mme Tabti a été fortement appréciée par les artisanes. Les connaissances artistiques de Mme Tabti y ont fortement contribuées. De la nouveauté, de l’innovation et de la créativité c’est ce dont les artisanes avaient besoin. Un coup de pouce apprécié et nécessaire ! Le dialogue s’est facilement installée sans crainte ni retenue pour laisser place à de bons moments de convivialité, de joie et de partage.

« J’ai aimé ce projet et voir ces femmes artisanes se lancer dans du contemporain tout en gardant leur culture et leur identité, c’est magnifique, c’est notre objectif. » 

Mme Sadia Tabti

 Formation et Créations